Voici ma réponse à l’exercice de création pour le concours de la Villa Arson sujet « Rose et Noir », que j’ai interprété afin d’en faire une œuvre manifeste engagée pour une cause qui me touche beaucoup.
Pour l’exercice de création, j’ai choisi le sujet « Rose et Noir ». Ce sujet me semblait être le plus abstrait de tous, celui donnant le plus de liberté. J’ai donc d’abord, dans une solution de facilité, voulu me diriger vers les deux autres sujets, me paraissant plus cadrés et concrets. Cependant, j’ai tout de même par curiosité réfléchis à ce que pouvaient signifier le noir et le rose.
Étant très touchée par la cause féministe, j’ai très vite rapproché le rose à la femme et la féminité, puisque c’est la couleur stéréotypée représentant le genre féminin. Le noir étant synonyme de mort, de haine, d’obscurité, de mal-être, j’ai compris que ces deux couleurs me permettraient de créer une œuvre manifeste symbolique.
Dans un premier temps, en utilisant le rose et sa symbolique, je voulais représenter les attentes de ce qu’on appelle la féminité, les attentes que l’on a de la femme de nos jours, une femme stéréotypée : féminine, classe, discrète, douce, mince, coquette mais pas trop, aimante, bienveillante, calme, docile, belle, maternelle…
Pour ce qui est du noir, il vient ici contraster avec cette attente idyllique que l’on a de la femme « parfaite » dans le but de montrer ce qu’il se cache derrière ces stéréotypes. En effet, être une femme ne signifie pas féminité. Une femme est autant une femme qu’elle soit féminine ou masculine, elle n’a besoin de prouver sa féminité à personne. Comme disait Simone de Beauvoir, « on ne naît pas femme, on le devient ».
Dans un second temps, j’ai commencé par peindre un fond à la peinture acrylique dans lequel le rose et le noir se mélangent et viennent sous différentes nuances, pour montrer leur dualité et apporter du dynamisme à l’œuvre finale.
Tout d’abord, une fois le fond sec, j’ai voulu représenter une femme. Une femme avec un regard à la fois vide, désespéré, mais aussi déterminé et énervé. C’est une femme, c’est toutes les femmes. C’est une femme à qui l’on a fait comprendre qu’elle était insignifiante. C’est une femme à qui l’on a dit de se taire. C’est une femme qui a été harcelée. C’est une femme qui a été violée. C’est une femme qui a été frappée. C’est une femme qui a été lapidée après un adultère. C’est une femme qui n’a pas pu avorter. C’est une femme qui n’a pas été respectée. C’est une femme qui aime les femmes. C’est une femme qui est sensible à ce que subissent ses consœurs. C’est une femme qui a de l’ambition. C’est une femme qui s’assume. C’est une femme qui veut avoir une voix. C’est une femme qui a des choses à dire. C’est la femme universelle. Trop souvent les femmes sont réduites au silence et n’ont pas leur mot à dire. C’est ce que je veux dénonce à travers cette œuvre.
Ensuite, après avoir dessiné son visage, j’ai dessiné des cheveux. Des cheveux un peu trop « sauvages » pour être considérés comme « professionnels ». Des cheveux trop souvent critiqués et source de discrimination. Pour apporter plus de détails à la peinture, j’ai utilisé des feutres POSCA afin de faire des traits plus précis.
Enfin, je suis venue peindre au doigt une tâche noire sur la bouche de la femme, dans un symbole de censure, ainsi que des traces de doigts sur son coup, dans le but de montrer l’atteinte au corps de la femme que les hommes se permettent, avec tout d’abord les viols et le harcèlement sexuel, mais aussi avec le droit à l’IVG qui est menacé dans beaucoup de pays et qui n’existe pas dans certains ou plus, comme aux Etats-Unis.
Finalement, ce sujet était le sujet je pense le plus adapté pour défendre la cause qui me tient à cœur, et j’aimerais dans le futur pouvoir utiliser mes capacités en design graphique et en art pour créer des œuvres manifestes et engagées.